Jazzman, compositeur de musiques de films dont 2 Palmes d’or, gagnant de 3 Oscars, 1 Golden Globe, 1 Bafta, 5 Grammys, nominé pour des dizaines d’autres compositions, précurseur de la nouvelle vague, orchestrateur de génie..., Michel Legrand a traversé le XXe siècle comme il l’a mis en musique : en se réinventant en permanence, en allant toujours là où on ne l’attendait pas. Tous ceux qui l’ont connu le savent : ses qualités et ses défauts sont ceux de l’enfance, aussi bien dans l’enthousiasme que dans l’impatience.
Pendant plus de soixante ans, Michel Legrand a fréquenté une à une toutes les disciplines musicales tout en s’échappant lorsqu’il commençait à s’y sentir trop à l’aise. Exécrant l’idée d’un trajet rectiligne avec un point de départ et un point d’arrivée, c’est la curiosité, l’envie de changement, d’embrasser la musique dans sa richesse et sa diversité qui ont toujours orienté sa vie. Pour lui, le plus important était la capacité de demeurer un éternel enfant. Tout au long de sa vie, il a voulu rester ce débutant, conserver sa spontanéité, cette sensation d’être sur le fil, diversifier les plaisirs musicaux, quitte à déconcerter, voire à se tromper, mais sans jamais se trahir.
Il détestait l’attendu, le révérencieux, l’hommage policé. Il aimait au contraire l’onirique, l’imaginaire, les chemins de traverse. Animé d’une énergie folle qui semblait inépuisable, il était toujours prêt à se questionner et à se lancer dans les projets les plus fous.
